Martial Richoz
Martial Richoz, né le 15 mai 1962[1] à Lausanne, et mort dans la même ville le 29 juin 2024, est une personnalité suisse. Connu sous le surnom de l'« Homme-Bus », et passionné par les trolleybus de sa ville natale, il est connu pour avoir circulé dans ses rues au début des années 1980, imitant un bus en poussant des chariots qu'il crée lui-même avec du matériel recyclé.
Biographie
[modifier | modifier le code]A l’assurance-invalidité dès l’adolescence et sous tutelle, Martial Richoz construit des chariots ressemblant à des trolleybus des Transports publics de la région lausannoise (TL), et s'invente un personnage de conducteur de bus, poussant ses créations dans les rues de Lausanne en suivant un horaire et un tracé définis. Pendant ses sorties, il imite les bruits des véhicules, tel que l'ouverture des portes ou les clignotants[2].
Très connu dans sa ville de Lausanne dans les années 1980, Martial Richoz est au centre d'un film documentaire, Martial dit l'homme-bus[1] réalisé par Michel Etter en 1983, qui est sélectionné au festival Cinéma du réel organisé par le Centre Pompidou.
Il déclare dans ce documentaire, à l'âge de 20 ans :
« Je crois que beaucoup de gens ne me comprendront pas, parce qu'il faut une imagination qui dépasse beaucoup de gens, et notamment certains psychiatres. […] Ce que la société appelle « ma folie », ce n'est autre qu'une souffrance terrible, qui s'est transformée en dépression. La seule chose qui me maintient, c'est mes trolleys[3] »
Il fait ensuite l'objet d'une médiatisation croissante, avec en particulier un article à son sujet dans le journal Le Monde[4].
Le 10 janvier 1986[1], âgé d'à peine 23 ans, il est arrêté par la police et interné de force à l'hôpital de Cery. Des manifestations s'opposent à cet internement, soutenues par certaines personnalités[1], dont Michel Thévoz, historien de l'art et conservateur, ou le médecin psychiatre Barthold Bierens de Haan. Il est remis en liberté le 4 février[1]. À sa sortie, et à la suite des demandes des médecins, il cesse ses activités dans les rues. Son internement, jugé inutile par certains, divise la société et pose plus généralement la question des pratiques des institutions psychiatriques.
Il se lie d'amitié avec des employés des TL, et il est intégré dans l'entreprise qui lui confie le rangement des bus dans leur dépôt de Prélaz (aujourd'hui démoli)[5].
Un de ses chariots, de même que les dessins de câbles électriques de trolleybus et de réseau de lignes de bus qu'il a créés, font partie de la Collection de l'art brut[6], musée suisse de Lausanne. L'ensemble a été acheté en 1985 par le directeur de l'époque, Michel Thévoz[1].
En 2023, quarante ans après le documentaire qui lui avait été consacré, l'émission Une histoire particulière de France Culture le retrouve et réalise deux émissions à son sujet[1].
Il décède à Lausanne le samedi 29 juin 2024, des suites d'une maladie[5].
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Cristina Ferreira, Ludovie Maugué et Sandrine Maulini, L'homme-bus : une histoire des controverses psychiatriques[7], Georg, 304 p., 2021.
Références
[modifier | modifier le code]- « L’affaire Martial Richoz dit l’homme-bus : un podcast à écouter en ligne », sur France Culture, (consulté le )
- « L'"homme-bus" lausannois, Martial Richoz, est décédé », sur RTS.ch,
- Martial dit l'Homme Bus , documentaire de Michel Etter, 1983, disponible sur youtube.com.
- L’homme-bus de Lausanne et le rôle controversé de la psychiatrie. Heidi.news, 14 mai 2021
- Jérôme Cachin, « Martial Richoz, dit l’homme-bus, a fini sa course », 24 heures, (lire en ligne)
- Biographie et objets de Martial Richoz dans la collection, sur le site de la Collection de l'art brut.
- [PDF] L’homme-bus. Une histoire des controverses psychiatriques. (livre disponible en PDF sous licence Creative Commons CC-BY-NC-ND)
Liens externes
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- Biographie, sur le site de la Collection de l'art brut de Lausanne.
- Martial dit l'Homme Bus, documentaire de Michel Etter, 1983, disponible sur youtube.com
- L'Affaire Martial - l'homme-bus, documentaire Temps Présent sur la Radio télévision suisse en 1986.